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Et soudain, la liberté – EVELYNE PISIER et CAROLINE LAURENT

Evelyne Pisier a commencé à écrire son histoire, et celle de sa mère, de manière romancée. Malheureusement, elle est décédée avant d’avoir fini le roman et c’est son éditrice, Caroline Laurent, qui va le terminer. Ce roman raconte son enfance en Indochine, auprès d’un père raciste et machiste. Avec la guerre, la famille est ensuite contrainte de déménager en Nouvelle Calédonie. Là-bas, sa mère s’émancipe et s’échappe de ce mari dont elle ne partage pas les idées. Elle finira par rentrer avec sa fille en France, où on suivra leur militantisme, l’émancipation d’Evelyne et ses débuts dans sa vie d’adulte, qui la mèneront jusque dans les bras de Fidel Castro…

Grand prix des lycéennes ELLE et Prix Marguerite Duras, voici une magnifique (auto)biographie, qui retrace des destins de femmes extra-ordinaires.

Comment peut on passer d’une femme soumise et qu’on dirait incapable de penser différemment de son mari, à une femme qui s’émancipe et s’affirme dans ses opinions ?  Comment, en étant élevée dans un foyer qui regorge d’opinions racistes, antisémites, homophobes…,  peut-on arriver à penser par soi-même et découvrir qu’il y a d’autres façons de voir le monde ?

Ce sont les questions que je me suis posées durant toute la première partie du livre! Car au début Mona, la mère, (dont ce n’est pas le vrai nom dans le livre tout comme Evelyne qui s’appelle Lucie) n’a rien d’une insoumise et semble d’accord avec les idées de son mari. Lucie (Evelyne, donc) n’est qu’une enfant, qui ne remet pas en cause son père et souhaite uniquement le rendre fier en essayant de réfléchir comme lui. Certes, on sent quelques incompréhensions dans son esprit, mais comme tout enfant, elles sont balayées par le ton assuré de ses parents.

C’est en arrivant en Nouvelle Calédonie, que Mona, grâce notamment à une aventure extra conjugale et à la lecture d’un livre de Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe (et de beaucoup d’autres livres par la suite) commence à remettre en cause son mari. Tout comme elle, Lucie s’instruit, et en grandissant, grâce à sa mère et à son influence, elle réussira à avoir sa propre opinion.

S’en suit ensuite leur vie en France, où elles s’engagent toutes deux dans des combats féministes et révolutionnaires (que de chemin parcouru!) et un passage à Cuba pour Lucie qui aura une aventure avec Fidel Castro. Oui, oui, j’ai vérifié car je ne connaissais pas la vie d’Evelyne Pisier, mais le roman retrace assez bien la vérité…

Vérité romancée bien sûr, c’est expliqué dès le début du livre, selon la volonté d’Evelyne Pisier. En effet, son éditrice et co-auteure, Caroline Laurent a ajouté des chapitres expliquant l’écriture de ce livre et son originalité puisqu’il a été terminé sans l’auteure principale.

Ces passages m’ont assez gêné au début : j’avais envie d’être prise dans l’histoire et de ne pas savoir l’envers du décor. Comme la fois où on apprends qu’un des personnages, qui aide Mona à s’émanciper, est totalement fictif : ça m’a complètement détaché des passages où ce personnage est évoqué, ce qui est dommage…

Mais, petit à petit, cela s’estompe, et je commence à comprendre. Il est vrai que c’est ici le livre de quelqu’un qui est décédé et qui n’a pas pu le terminer, je saisis alors le pourquoi de ces chapitres même si je trouve qu’il y en a un peu trop.

  • Émotions : Beaucoup d’émotions, encore plus lorsqu’on sait que c’est une histoire vraie!
  • Action : Ce n’est pas un livre d’action et pourtant, les personnages ne s’arrêtent jamais de forcer le destin.
  • Suspens : Quelle sera leur vie ? Comment vont elles s’en sortir, réagir, vivre ?

Au final, j’ai beaucoup aimé ce roman ! Quels destins et quelles femmes engagées ! Les passages de l’éditeur s’estompent à la fin du livre et dans mes souvenirs, pour ne laisser place qu’à un coup de coeur :).

 

EXTRAITS

 » ‘C’est fou. Quand on te répète en permanence qu’il y a des races et que ce sont elles qui fondent les rapports humains…Quand la religion est partout, qu’on t’élève dans l’antisémitisme, la haine des protestants, des homos, des métèques…Comment as-tu fait ? Et ta mère? Ta mère! Elle a grandi avec ces idées-là, elle les a partagées avec son mari… Et puis la rupture. C’est inouï. Comment avez vous fait pour vous affranchir de tout ça ?’ Evelyne me ressert un verre de vin en souriant : ‘C’est tout l’objet du livre, non ?’ « 

« Je crois que cette phrase d’enfant ‘On a qu’à dire que Dieu n’existe pas’, est celle qui m’a fait aimer Evelyne, avant même notre rencontre. Elle a onze ans, je devrais dire, elle n’a QUE onze ans, et déjà elle domine l’existence. »

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